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lundi 5 août 2013

OU COMMENCE L'INCESTE ? - LES CLIMATS INCESTUEUX

L’inceste ne se limite pas au viol génital. Certaines situations ambiguës sont tout aussi destructrices. La victime ne peut mettre de mots sur sa souffrance.
C’est vrai que mon père s’arrangeait toujours pour entrer dans la salle de bains quand je m’y trouvais… C’est vrai que je ne supportais pas la façon dont il regardait mes seins… Mais quand même, il ne faut pas exagérer, il ne m’a
jamais violée ! "
Les déclarations de ce genre, les psychanalystes les connaissent bien, les médecins généralistes et les gynécologues aussi. Et tous savent à quel point il est important qu’ils réagissent à l’énoncé de tels propos. Car le " soignant " qui, face à ce " il ne m’a pas violée ", se tairait, se trouverait, quoiqu’il en veuille, en position d’apporter sa caution à une idée redoutable : celle selon laquelle l’inceste ne commencerait qu’au viol génital. Une idée à laquelle bien des " patientes " s’accrochent, parce qu’elle leur permet d’exorciser leur angoisse : " Mais non, mon père n’était pas incestueux. " Mais qui les laisse sans repères pour décrypter leur souffrance.
Ces femmes sont d’ailleurs d’autant plus attachées à leurs convictions que celles-ci font l’objet d’un certain consensus. En effet, malgré tout ce qui peut se dire et s’écrire sur le sujet, le public a encore majoritairement comme représentation de l’inceste celle de relations sexuelles entre un père et sa fille.
Dans la réalité, les choses sont autrement plus complexes. Car si l’inceste ne commence pas au viol génital, il ne se limite pas non plus aux relations père-fille.

– Les pères ne sont pas les seuls " abuseurs ". Le sont également des mères, des oncles, des grands-
   pères, des beaux-pères, des amis intimes de la famille.
– On oublie aussi trop souvent l’inceste entre frère et sœur, qui fait beaucoup plus de ravages qu’on
   ne le croit.
– L’inceste n’est pas forcément hétérosexuel : il peut être également homosexuel (mère-fille, père-
   fils).
– Il ne touche pas seulement les enfants " grands ", mais aussi les " petits " – les enfants de moins de
   5 ans –, et parfois même les bébés.
 
Les actes incestueux sont, eux aussi, multiples. Si l’on peut, en effet, violer le sexe ou l’anus d’un enfant, on peut également utiliser sa bouche, sa main, sa peau – en se masturbant sur elle, par exemple –, son regard en s’exhibant devant lui ou en le faisant assister à des scènes sexuelles, ses oreilles en faisant en sorte qu’il entende les bruits de la chambre parentale, son corps entier, ses émotions et sa sexualité en faisant de lui le " partenaire " de jeux sexuels d’adultes.
 
Tous ces actes qui n’impliquent pas le viol génital sont pratiqués d’autant plus fréquemment par les parents incestueux que, s’ils laissent dans le psychisme de l’enfant et dans sa sensibilité corporelle des traces indélébiles, ils laissent en revanche son corps indemne de toute " marque " pouvant servir de preuve en justice.

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