Deseo Desire/neogabox via FlickR
Alors que les débats se multiplient autour de l’influence de la pornographie sur les comportements, et notamment ceux des adolescents, de nombreux chiffres circulent sur la quantité de contenu pornographique sur Internet.
Nous vous rapportions l’année dernière l’estimation du site Extremtech, selon lequel «il n'est probablement pas irréaliste de considérer que le porno représente 30% du total des données transférées via l'Internet». En décembre, c’était au site The Inquisitr de se lancer sur ce sujet épineux, et d’écrire qu’en l’espace de 6 ans, l'équivalent de 1,2 million d’années de vidéos porno ont été visionnées sur les deux plus gros sites spécialisés, avec plus de 93 milliards de pages vues.
Aujourd’hui, la vénérable BBC tente à son tour d’apporter une réponse, partant du constat que les estimations varient grandement. Les acteurs de l'industrie ont aussi tendance à se faire très discrets sur leurs chiffres d'audience.
L’un des chiffres qui a le plus été repris par les médias depuis quelques années est celui de 37% (du contenu Internet qui serait du porno), publié en 2010 par l’entreprise de filtrage sur Internet Optenet et fondé sur un «échantillon représentatif» de 4 millions d’URL. Mais la même année, la plus grande étude jamais menée sur la sexualité humaine (A Billion Wicked Thoughts: What the Internet Tells Us About Sexual Relationships) avait trouvé que seulement 4% des 1 million de sites les plus fréquentés du monde étaient pornographiques.
Selon la BBC, beaucoup d’estimations exagèrent la vraie audience des sites porno, et ceux qui travaillent dans le web savent bien que la provenance des statistiques sur ce secteur est douteuse. Les chiffres de visiteurs sont par exemple gonflés par le fait que les sites pornographiques sont conçus pour générer du clic, et chaque action peut en entraîner de nombreuses autres comme une redirection vers un site affilié, des publicités ou des pop-ups.
Interrogé par la BBC, Nicholas Lansmann, secrétaire général de l’ISPA (qui représente les fournisseurs d’accès britanniques), explique:
«Nous savons que plusieurs statistiques sont utilisées en rapport à la sécurité en ligne, et nous avons des doutes sur leur exactitude. […] Il est important que tout décision prise en rapport avec la sécurité en ligne, comme dans tout autre domaine, soit basée sur des preuves plutôt que sur des mythes ou des assertions.»
En conclusion, le docteur Ogi Ogas, docteur en neurosciences cognitives qui a mené la grande étude de 2010, rappelle que s’il y a sans doute moins de pornographie sur Internet que certains l’affirment, «14% des recherches et 4% des sites qui sont dévoués au porno restent des chiffres très significatifs».
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