Trois questions à Chauntelle Tibbals, sociologue américaine spécialisée dans l'industrie du film X, sur les problèmes que rencontre son champ de recherche.
![Sur le plateau de «3D Sex and Zen», dans un studio de Hong Kong, le 13 août 2010. REUTERS/Bobby Yip](http://www.slate.fr/sites/default/files/imagecache/blognews-picture/plateauporno.jpg)
Sur le plateau de «3D Sex and Zen», dans un studio de Hong Kong, le 13 août 2010. REUTERS/Bobby Yip
Des millions de personnes étudient le porno tous les jours dans l'intimité de leur appartement.
Mais pour les chercheurs, il est toujours difficile de trouver des financements et l'approbation institutionnelle nécessaires pour regarder d'un oeil aussi sérieux que savant cet objet.
J'ai discuté de son champ de recherche avec le Docteur Chauntelle Tibbals, une sociologue qui a publié des études sur l'industrie pornographique dans toutes sortes de publications (de Stanford Law and Policy Review à Porn Studies), et qui publie en ce moment une série d'ebooks sur sa propre expérience d'observatrice du porno.
Combien de personnes regardent du porno?
Qui sont-ils?
Comment y ont-ils accès?
Quelles sont les grandes questions auxquelles vous espérez répondre?
Chauntelle Tibbals : Si j'avais une liste de voeux... La première chose dont nous avons besoin, c'est d'une vision démographique complète et rigoureuse de ce qu'est cette industrie, simplement. Je n'en peux plus d'entendre cette statistique à la con selon laquelle c'est une «industrie qui rapporte de 10 à 12 milliards de dollars»... Je l'ai moi-même utilisée il y a des années, quand j'étais ignorante.
Mais elle a été «établie» dans le début des années 2000, quand on avait une ruée vers l'or en cours dans cette industrie. Le nombre était une fiction estimée à l'époque, et il est certainement incorrect aujourd'hui.
C'est troublant que les gens pensent que cette industrie est faite de ces nababs du porno qui s'enfilent des tonnes d'argent. Ce n'est pas le cas. Mais je ne pourrais pas vous dire quel est le chiffre correct, puisqu'il n'existe pas.
Les entreprises gardent une trace de leurs statistiques de vente, mais elles ont tendance à ne pas vouloir les révéler. Personne ne veut qu'un concurrent connaisse ses chiffres.
Donc si j'avais un voeu, j'aimerais recruter une armée de gens qui récolteraient des données démographiques avec moi.
Ahodha : Pourquoi est-ce que personne n'a répondu à ces questions simples?
Est-ce que ça coûte trop cher?
Chauntelle Tibbals: C'est en partie pour cela. Les recherches démographiques coûtent par nature très cher. La plupart des chercheurs n'ont pas 200.000 dollars qui trainent dans leur compte en banque. Les chercheurs obtiennent généralement des bourses pour ce genre de travail, et je peux vous dire par expérience que personne ne donne de bourse pour étudier le porno. Donc il y a ce problème d'argent.
Il y a aussi un problème de confiance dans l'industrie. Si vos sujets ne peuvent pas croire les personnes auxquelles ils donnent des informations, ces informations ne vont pas être exactes ou fiables.
On en vient à une question de sociologie de la sociologie sur la dynamique entre chercheurs et personnes interrogées. Beaucoup de personnes dans l'industrie du porno ne font pas confiance aux chercheurs, pour de bonnes raisons.
Slate: Est-ce que la stigmatisation de l'industrie du porno a eu un effet sur vous ou votre travail?
Chauntelle Tibbals: Tout le temps. C'était beaucoup plus intense quand j'étais en master à la fac mais, au fur et à mesure que la liste de mes publications s'allonge, ça commence à s'améliorer. Mais ça m'arrive encore aujourd'hui.
Ces derniers temps, j'ai publié principalement dans des revues juridiques, d'une part parce que je trouve que les aspects de l'industrie sur les règles du lieu de travail et le premier amendement [qui garantit la liberté d'expression NDT] sont intéressants, mais aussi parce que ces revues ont tendance à accueillir beaucoup mieux ce sujet que les autres.
Amanda Hesshttp://love-et-sexe.blogspot.com/2013/08/profession-docteur-en-pornographie.html
Chauntelle Tibbals: Tout le temps. C'était beaucoup plus intense quand j'étais en master à la fac mais, au fur et à mesure que la liste de mes publications s'allonge, ça commence à s'améliorer. Mais ça m'arrive encore aujourd'hui.
Ces derniers temps, j'ai publié principalement dans des revues juridiques, d'une part parce que je trouve que les aspects de l'industrie sur les règles du lieu de travail et le premier amendement [qui garantit la liberté d'expression NDT] sont intéressants, mais aussi parce que ces revues ont tendance à accueillir beaucoup mieux ce sujet que les autres.
Amanda Hess
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